la vie de memphis

Un genou tout neuf pour Memphis: samedi, salle des tortures

Pas de Kiné normalement le samedi. Enfin pour les veinards qui ont le droit de se reposer. Ou qui sont déjà en bonne voie. Venant juste d’arriver, ce n’est pas mon cas. J’ai donc droit à un régime particulier: rééducation avec le chef kiné. Ça se passe dans ce que j’appelle “la salle des tortures”. Non pas que les exercices soit plus durs qu’ailleurs, ni que le kiné ressemble à un dompteur, mais j’ai surnommé cette pièce ainsi parce que, composée de petits boxes grillagés, il y a partout des systèmes de poulies et de contrepoids! Les autres salles, pour moi: au rez de chaussée “la salle de la vache”, vous comprendrez bientôt pourquoi et au 2ème, “la salle de la tour Eiffel”.
Pour compenser, j’ai eu deux fois droit à une petite sortie. La première fois, nous avons été tout près du centre de rééducation dans un restaurant où nous avons nos habitudes et qui fait un couscous sublime. Après, petit passage à la maison. Memphis, la vraie, était folle de joie, et moi de terreur devant ses câlins qui risquaient de me déséquilibrer.

Un genou tout neuf pour Memphis: les kinés-marionnettistes

Dès le lendemain de mon arrivée, les séances de rééducation ont commencé. ma Kiné s’appelle Hélène, elle est douce, mais efficace. Elle inspire confiance avec son beau visage jeune encadré de longs cheveux bruns. Quand elle sera absente, ce sera Stéphanie, qui rit tout le temps. Un jour elle me confiera à Virginie, l’étudiante dont elle a la charge et qui “assure” déjà. Et à la fin, il y aura aussi Marielle qui me fera un merveilleux drainage lymphatique: à force de béquiller -je marche autant avec les mains qu’avec les pieds- ma main droite a recommencé à gonfler.

Un genou tout neuf pour Memphis: mon rêve: une douche

J’en rêve: une douche. Pouvoir se laver à grande eau. La sentir couler sur tout mon corps, ruisseler. Je crois que j’y resterai des heures. Comme je saurai en apprécier la chaleur, le piquant, le bruit crépitant sur ma peau. Et puis l’odeur du gel douche, ce Dune de Dior qui me fait palpiter les narines rien que d’y penser!. Et tout se conjugue pour retarder cet instant de bonheur. On vient tout juste de commencer le traitement contre l’allergie. J’ai encore tous mes points de suture. A ce propos, je n’ai pas encore vu ma cicatrice: quand on refait mon pansement, je ferme les yeux. Ce n’est pourtant pas douloureux, mais, c’est plus fort que moi, je ne peux pas regarder...

Un genou neuf pour Memphis: une toilette de chat

J’ai horreur des gants de toilette, ces nids à microbes et à mauvaise odeur. je me lave toujours à mains nues sous la douche. Mais, pas de douche, entre l’allergie et les points qui ne sont pas encore enlevés. Interdit. Il faut donc laver et rincer millimètre par millimètre au gant de toilette. Mais je vous assure que ça n’a rien au final avec une toilette de chat. Pas le moindre coin oublié. Et tous les deux jours, la tête sous le robinet. Heureusement, avec ma coupe de cheveux, pas besoin de brushing ni de bigoudis. Pas de séchoir non plus, la serviette suffit.
Erratum: merci Claude d’avoir rafraîchi mes vieilles notions de catéchisme; Jésus ayant été crucifié le Vendredi Saint, c’est le Jeudi qu’il avait lavé les pieds de ses apôtres!

Un genou tout neuf pour Memphis: Vendredi Saint

Surprise! Ici, c’est Vendredi Saint tous les jours! La journée commence en effet par le lavement des pieds. Assez compréhensible, d’ailleurs étant donné qu’il y a ici une majorité d’opérés de la hanche ou du genou qui n’ont pas encore le droit de prendre une douche et qui ne doivent ou ne peuvent pas plier genou ou hanche. C’est d’ailleurs très bien, pou “une hanche” de faire chambre commune avec “un genou”. L’un peut ramasser ce que l’autre a laissé tomber! Le seul problème est que les gentilles petites chargées de ce soin passent à 7 heure du matin. Juste au moment où je m’assoupirais volontiers. Mais en prime, elles me mettent mes petites chaussettes blanches anti-phlébites, qui font partie de l’uniforme des opérés.

Un genou tout neuf pour Memphis: la chambrée s'organise

vAu bout de quelques jours, nous avons l’impression de nous connaître depuis des années. Et Mic me joue un remake de “Mais n’t’promène donc pas toute nue”. Shocking? Non pas pour moi. Elle est habituée à vivre seule et moi, les vestiaires de salles de gym, j’en connais un rayon! Elle connaît déjà tout le monde dans l’établissement bien qu’elle ne soit arrivée qu’un jour avant moi. Par contre, les nuits sans sommeil, et elles sont nombreuses, je n’allume pas pour ne pas la réveiller et je continue à tourner et gigoter dans mon lit malgré la gentillesse du personnel de nous qui, là aussi m’apporte de la glace toutes les deux heures sans que j’ai même à sonner.

Un genou neuf pour Memphis: va chez la voisine

vNe me voyant pas rester toute seule dans une chambre pendant 3 semaines, j’ai demandé une chambre de deux personnes. Risqué, évidemment! Si je tombe sur une fana de télé qui regarde tous les feuilletons les uns à la suite des autres, ou sur une personne du style grincheux, je ne vais pas m’amuser! Mais non, je suis bien tombée, Mic rit tout le temps, elle ne se plaint pas pour un oui ou un non, elle est très propre et encore plus coquette que moi. Avec ça discrète et pleine d’attentions. Des enfants et petits-enfants adorables. Tout se passe bien. D’ailleurs, vous voyez, je dessine, elle met ses bigoudis. J’ai tiré le bon numéro!

Un genou tout neuf pour Memphis: transfert en ambulance

Les ambulanciers m’attendent dans ma chambre et prennent soin de moi. Premier contact avec l’air extérieur. La température a bien fraîchi depuis mon hospitalisation! Et dans le véhicule qui m’emmène, la surprise: un automne somptueux, des verts, des jaunes, des roux et des rouges. L’émerveillement. Un grand sourire du personnel d’accueil. Mes accompagnateurs m’emmènent dans ma chambre et m’aident gentiment à m’installer. L’infirmière est déjà là et dix minutes après le médecin. Il hurle presque en voyant l’état de ma jambe, rouge homard bien cuit, et décroche illico son portable pour appeler le dermatologue. Hélas, pour cause d’agenda plein et de week-end, il me faudra encore quelques jours avant d’être correctement soignée.

Béjart!...

Lui aussi...

Un genou tout neuf pour Memphis: radio de contrôle

Je quitte l’hôpital aujourd’hui. 9 jours de galère malgré la gentillesse du personnel. Il me reste encore ce que je crois être une toute petite chose: la radio de contrôle. Elle doit se passer ici, au 4ème. Départ prévu à 13h 30. Les ambulanciers arrivent. Très aimables ils me proposent d’emmener une autre personne et de revenir dans une heure. OK. 3/4 d’heure après, toujours rien. Les infirmières téléphonent. Réponse: “Elle n’a qu’à descendre”. Je m’arme de courage et accompagnée d’une stagiaire, je vais à l’ascenseur. Sous-sol. Un très, très long couloir et soudain, une descente vertigineuse. Je suis scotchée sur place, c’est ce que je mon genou refuse absolument de faire déjà. “Il faut y aller”, me supplie mon accompagnatrice. Et j’y vais pliée en deux par la douleur. Par contre je refuserai de remonter autrement qu’en fauteuil roulant!