la vie de memphis

Touchez pas à ma nounou!

“Encore un métier de femme: nounou. On a du trouver un nom bien ronflant pour cette activité qui consiste à garder chez soi des enfants dont les parents travaillent. Les petites filles sont toujours attendries par les tout-petits et garder des enfants leur parait naturel.C’est un peu le prolongement de jouer à la poupée. Alizé et toi avez eu la même nounou et aussi bien l’un que l’autre, vous l’adorez. Il est vrai qu’elle est extrêmement gentille, tout en sachant rester ferme. De plus, elle parle beaucoup aux enfants et sait très bien leur faire faire des activités d’éveil. Je ne sais pas si j’aurais toujours eu sa patience”

Moulin Rouge et compagnie

“ Et puis, un jour, j’ai vu une affiche de Toulouse-Lautrec avec les danseuses du Moulin-Rouge qui dansaient le French Cancan. Ah oui, Toulouse Lautrec, ça ne te dit rien, je t’expliquerai. Mais le Moulin-Rouge tu en as entendu parler. Et le French Cancan aussi. Bravo et vive la télévision! Donc, même si je n’envisageais pas d’aller montrer mes dessous sur une scène (j’ai été élevée chez les bonnes sœurs, tu sais...), je me suis exercée au French Cancan avec beaucoup d’ardeur! Lever la jambe, faire le pied à la main ou le grand écart n’avaient aucun secret pour moi et je sais encore le faire. Tu veux que te montre?”

Petit rat ou Ginger Roger?

“Être danseuse, j’en ai rêvé aussi dans mon enfance. La moindre musique me faisait me trémousser. Un rideau se transformait en tutu et je m’esquintais les doigts de pieds à faire des pointes sans chaussons. Et je me voyais petit rat à l’opéra. Remarquée bien sûr par mes professeurs et enfin par LE danseur étoile qui ne voulait plus que moi comme partenaire. Malgré la jalousie des autres filles et leur mesquinerie, je devenais danseuse étoile et tous les soirs j’étais couverte de fleurs et d’aplaudissements.” “Ben, Maman, alors t’étais une vraie petite fille!”

Cyrano, acteIII, scéne 9

“Et jouer la comédie, ou faire du cinéma, ça ne t’aurait pas plu, Maman? Tu n’en avais pas envie?” “Quelle est la petite fille qui n’a pas rêvé d’être une actrice? Le côté paillettes, gala, tapis rouge... Je ne sais plus quel est le premier film que j’ai vu, mais il est évident que après, je me suis fait mon cinéma. J’ai été l’héroïne, celle qui n’avait qu’à paraître pour que tous les hommes en tombent amoureux. Et avec ça, capable de sauver le monde, tout en étant une parfaite maîtresse de maison, commandant à des dizaines de domestiques. Qui bien sûr l’adoraient... A cette époque, je ne savais pas que être actrice ou comédienne est un métier qui a ses bons mais aussi ses mauvais côtés. Mais entendre Cyrano me déclamer la tirade des nez, j’avoue que je ne détesterais pas”. “C’est quoi, Maman, la tirade des nez? Ils se tirent le nez sur la scène?” Me voilà bonne pour une leçon de littérature....

Paillettes et tapis rouge

“Et mannequin, maman, tu n’aurais pas voulu être mannequin?” “Je crois, mon chéri que toutes les petites filles se sont vues un jour défilant sur un tapis rouge et provoquer l’admiration et la jalousie des autres femmes. D’ailleurs, quand Alizé te fait rire en essayant de marcher avec mes escarpins, elle joue plus ou moins consciemment à être un mannequin. Maintenant, vois-tu et de toutes façons, je n’en ai ni l’âge, ni la taille (que dirais-tu si ta maman était beaucoup plus grande que ton papa...), ni la beauté, je n’aurais pas envie de devenir un sac d’os, anorexique et à la retraite à 23 ou 24 ans. Ce qui n’empêche que un de mes plus grands plaisirs est d’aller essayer des robes de grande marque et de me voir pendant quelques minutes avec un vêtement sublime. Même si je sais que je ne le posséderai jamais.”

Le rêve d'Icare

“Hôtesse de l’air, je ne sais pas maintenant, mais, à mon époque, toutes les petites filles en rêvaient. Prendre l’avion était bien moins courant que maintenant. Alors, ces filles qui faisaient tous les jours ce que nous ne faisions que rarement, elles nous faisaient envie. Elles étaient en général plutôt belles, plutôt élégantes dans leur uniforme griffé et nous donnaient l’impression de connaître des choses auxquelles nous n’aurions jamais accès. Et puis, elles côtoyaient les pilotes, ces surhommes qui savaient faire voler un avion...”

A mon tour

“Moi, je voudrais être pompier” a dit Zéphyr. “Parce qu’ils ont de belles voitures rouges, qu’ils roulent vite et surtout, ils font pim-pom avec leur sirène. J’étais tout fier quand ils m’ont emmené à l’hôpital et mes copains étaient jaloux”. “Mais mon chéri, les pompiers prennent aussi des risques énormes quand ils éteignent les incendies de maison ou les feux de forêts. Si ils ont cet uniforme et ce casque que tu admires tellement, c’est pour résister à la chaleur du feu. Tu sais qu’ils pénètrent au milieu des flammes pour aller sortir des gens piégés par un incendie et que descendre par la grande échelle avec une personne inanimée dans les bras n’est pas spécialement facile...Ils s’entraînent tous les jours et ce sont des sportifs accomplis.” “Mais les femmes, dis, maman, elles peuvent aussi devenir pompier?”

Dites 33...

“Et pourquoi pas médecin, carrément?” a demandé Zéphyr. “Peut-être à cause de papa justement. Je n’imaginais pas à cette époque pouvoir exercer la même profession que mon père, une profession d’homme. Pas quand j’étais une petite fille. Mais après, bien sûr...”

"Quand je serai grand...

je voudrais être...Il y a eu un grand blanc et puis Zéphyr m’a demandé: “Et toi quand tu étais petite qu’est-ce-que tu voulais devenir?” “Tu sais, je crois que toutes les petites filles veulent être infirmière. Les femmes portent toutes plus ou moins en elles le désir de soigner. Je me souviens que je mettais des pansements énormes à Zézé mon ours. J’avais la chance, mon père étant médecin, d’avoir du vrai matériel à ma disposition et plein d’emballages de médicaments. J’étais devenue incollable pour guérir les rhumes et les angines. Je me voyais bien l’assistante de papa...”

Bout d'essai.

Voilà, je suis retournée à l’agence et on m’a fait faire tout un tas d’essais photographiques. Ils vont m’ont-ils dit, en s’inspirant d’affiches plus ou moins anciennes, dépoussiérer et revisiter -ce sont des mots à la mode- la publicité en utilisant surtout mon image et occasionnellement celle de mon mari ou de mes enfants. Je vous montrerai bientôt le résultat. En attendant, demain, je vous raconterai ma dernière conversation avec mon fils.