la vie de memphis

Patinoire

Et la patinoire...Avec les copains et les copines qu'il retouve là-bas, ils filent comme des flèches. Ils se faufilent comme moi actuellement en voiture. Et souvent ils font des chaînes. Si un patineur moins doué qu'eux s'accroche, il arrive qu'il fasse tomber toute la file. Je l'ai emmené tout petit à la patinoire. C'est moi qui lui ai appris et nous y allons encore parfois ensemble. Après, il s'est mis aussi au roller. Mais non, ce n'est pas possible: il ne peut y aller que le samedi et nous ne sommes pas samedi!

Vélo

En me faufilant dans la circulation très dense à cette heure, je me demande comment a bien pu se produire cet accident. Bien qu'il soit relativement calme, Zéphyr fait quelques fois des bêtises sur son vélo. Mais, en y réfléchissant, je me dis qu'il est parti avec moi ce matin. Donc, à pied. Il faut chercher ailleurs...

La loi des séries

J'étais en réunion quand j'ai vu arriver la secrétaire avec une drôle de tête."Un coup de fil urgent", m'a-t-elle glissé. Sans me soucier des coups d'œil réprobateurs, avec un geste d'excuse, j'ai filé dans mon bureau. C'était l'hôpital. Les pompiers venaient de leur amener Zéphyr avec probablement une jambe cassée! Mon Dieu! Comment a-t-il fait ça? Mon manteau, mon sac et vite, sautons dans la voiture. Mon pauvre petit doit avoir mal et il a certainement besoin de sa mère...

Première sortie

Ça y est, elle est guérie! Plus de température depuis deux jours et une humeur au beau fixe. Elle rit, gazouille, elle est heureuse de vivre. Hier j'ai téléphoné à sa nounou, toute contente de la retrouver. Et comme elle est au chômage technique, ses deux autres pensionnaires étant eux aussi malades, c'est elle qui passera la prendre. Je vais bien la couvrir et lui mettre un bonnet, le tout étant qu'elle le garde, car elle a les chapeaux en horreur. Voilà, la vie reprend son cours!
Cet après-midi, ma maîtresse va emporter des dessins de moi à l'hôtel Méridien de la porte Maillot. On va les exposer à l'occasion d'une journée de la FECS, réunissant des Cancérologues et leurs Patients. Je vous les montrerai, un peu plus tard. A demain, bien sûr.

Réconciliation

Elle va mieux. Elle ne m'a réveillée qu'une seule fois cette nuit: elle avait soif. Mami est revenue ce matin. Avec plein d'histoires à raconter. En particulier celle d'un petit cochon méchant qu'Alizé a mangé à midi. Il était en jambon rose avec des yeux rouges en tomate et dans un pré en épinards! Ce soir, c'était un "cracon" avec des écailles en courgettes et qui crachait du feu en jaune d'œuf. J'ai l'impression que Mami s'amuse autant que sa petite fille! Je l'ai retrouvée toute ankylosée ce soir: Alizé s'était endormie dans ses bras et elle avait eu peur de la réveiller en la recouchant... En tout cas tout va mieux avec Zéphyr. Sa sœur qui le boudait depuis qu'elle était malade s'est jetée dans ses bras et lui a fait plein de bisous. Le pauvre en pleurait presque.

nez rouge

Et la matinée passe en câlins, babillages, jeux entrecoupés de petites somnolences. Alizé semble avoir retrouvé son calme. Et arrive le moment tant redouté du repas. Elle a encore des difficultés à avaler et n'a pas un appétit féroce. Son visage se ferme et elle fait obstinément "non" avec la tête. Mais aujourd'hui, il y a un clown dans son assiette! Mais oui, un clown: visage en purée de pommes de terre, cheveux orange en purée de carottes, des haricots verts lui tracent les sourcils, ses yeux sont un fragment d'olive noire et surtout, il a un nez bien rouge fait de la moitié d'une tomate cerise. Encore quelques haricots verts pour le nœud papillon. Alizé bat des mains, éclate de rire. Par quoi va-t-elle attaquer? Après une longue hésitation, c'est le nez qui a sa préférence. Et tout le reste suit. Quelques tranchettes de mimolette et de comté en forme de soleil, lune ou étoile, une banane qui imite une pirogue. Elle a bien mangé!

Mami

J'ai téléphoné à ma mère, hier. Elle a annulé un déjeuner et une exposition avec une copine et elle viendra garder sa petite fille aujourd'hui: je ne peux pas m'absenter trop longtemps de mon travail. En plus, Alizé adore sa grand-mère. Celle-ci minimise toujours ses bêtises et fait volontiers le clown avec elle. Elle lui prête de vieilles hardes pour se déguiser, accepte de lui laisser mettre de vieilles chaussures à talons hauts et de la maquiller. Du coup, mon bébé a retrouvé le sourire. Tout va bien se passer, j'en suis sûre. Je passe les consignes pour les médicaments et, sans trop y croire je recommande un peu de fermeté. Et je pars l'esprit tranquille.

Papa!

Mais, voilà Jasmin qui rentre du travail. Attiré par les cris et les pleurs, il soulève la harpie et tente de la raisonner. Elle commence par le marteler de coups de poing. Puis soudain, elle fond en larmes et se blottit contre son cou. Jasmin la console et lui explique que ce n'est pas parce qu'elle n'est pas bien qu'elle doit prendre son frère comme bouc émissaire. Elle écoute gravement, mais refuse néanmoins de l'embrasser. Ulcéré, Zéphyr file dans sa chambre en reniflant. C'est à mon tour de le consoler et de lui faire comprendre que sa sœur l'aime toujours autant. Simplement, elle est malade et fatiguée. "Elle m'a fait de la peine", dit-il en séchant ses larmes...

Agression

La journée passe lentement, entrecoupée de réveils, de pleurs, de cris et de quelques sourires timides. Essayer de lui faire avaler quelques cuillerées de purée avec du jambon mixé s'avère bien difficile.Mais surtout, lorsque Zéphyr rentre de l'école où la brave Suzy a été le chercher, les choses se gâchent nettement. Elle qui ne quitte pas son frère - son idôle - d'un pas lui tourne carrément le dos, refusant de l'embrasser. Et puis, elle saisit ses jouets et les lance sur lui, l'un après l'autre. Et même, elle le frappe avec lapin-doudou, son préféré qu'elle emmène partout. Le pauvre Zéphyr n'en revient pas: sa sœur ne l'aime plus...

Un peu de calme

Elle pleure en sourdine, sans arrêt. Quand je la prends dans mes bras, elle se calme mais dès que je la recouche, elle recommence. De guerre lasse, j'installe une grosse couette par terre. J'y mets ses jouets préférés - comme ça, je n'aurai pas besoin de les ramasser à chaque fois qu'elle les balance par-dessus son lit - et je la couche au milieu. La situation la déconcerte au point qu'elle en oublie de pleurer. Elle attrape une peluche et, oh miracle, s'endort tout d'un coup. D'abord, je n'y crois pas: elle va se remettre à geindre. Mais il faut bien se rendre à l'évidence, elle dort profondément. Elle devait être épuisée. J'en profite pour ranger sa chambre, changer ses draps tout humides de tranpiration. Et puis, sans bruit, je fais un peu de ménage, je lance un lave-vaisselle et un machine à laver. Enfin! je peux un peu respirer. Dors bien mon Alizé, et surtout longtemps...